Un conte du réveillon


Par Justine Gagnon


Revenant de la patinoire, sous un ciel étoilé,

Les joues et le bout du nez gelés,

Je me dis quand même que sous une bonne étoile je suis née.


Marchant dans la neige, 

Son crissement comme solfège,

J’ai les mains pleines, avec du vino en guise de cadeau. 

Avançant difficilement, je me demande qui a inventé « Vive le vent »,

Et me dis que clairement, il n’était ni en jupe, ni en collant. 

Manque de place sous l’abris tempo, 

Sur le lit une tonne de manteaux.

L’hôtesse mérite sa couronne, 

À sa porte, tout le monde sonne. 

C’est matante Reine qui reçoit, 

Tourtière, tarte au sucre, soupe aux pois, 

Raclette ou fondue, 

L’idée est de partager, le temps d’une soirée,

Un repas longuement dégusté.

Malgré mes 30 ans, supposément dans le clan des plus grands,

Je rêve d’être assise confortablement à la table des enfants. 

Pas de questions sur mes amours,

Pas de phrases sans détours.

Tous sur notre 31, on fête le 24.

Au menu : Glitters, soie, pulls absurdes.

Noël, Noël, dis-moi qui est la plus belle ? 

Aimes-tu ma nouvelle robe cocktail ? 

Ou préfères-tu la broche à tante Giselle ? 


Pendant qu’Yves double l’alcool dans le punch, 

Monique rit plus fort que les autres,

Jean ronfle sur le divan,

Et Diane s’étouffe en rigolant. 

Le sapin tout décoré,

De guirlandes en popcorn et friandises sucrées,

Et de boules amassées, il me semble, sur des millions d’années. 

Très peu vont encore à la messe, plus personne n’apprécie la crèche,

Mais sur le sapin accroché, reste un ange à peine écorché. 


Quelqu’un sort le Cranium, 

Pendant que d’autres font la vaisselle.

Au lieu de se faire la guerre des tuques,

On attaque les bas de Noël,

Qu’on ouvre en paix, en pyjama une pièce.

On attend tous le Père Noël,

Avec nos coeurs d’enfants, latents.

Grâce à nos Noëls blancs,

L’hiver se veut réconfortant.

Le foyer fait crépiter

Des bûches de bois entrecroisées. 

Odeur chaleureuse de bouleau brulé,

Cannelle et sapin pour compléter.

Pour éviter le couvre-feu,

Les enfants espèrent étirer le temps.

Jusqu’au lendemain, silencieux,

Sur les genoux des parents s’endormant.

 

En pyjama, le maquillage tombé, nous perdons tous 10 ans.

Nous jouons ou placotons,

En essayant, comme les petits garnements,

D’arrêter le temps, de cumuler le plus d’instants. 


Noël, Noël, si tu pouvais être éternel,

Noël, Noël, je vous souhaite à tous le plus beau des Noël.